Auteur(e)s

Photographes

Tasneem alsultan

Tasneem Alsultan est photojournaliste, membre du collectif Rawiya – “celles qui racontent des histoires” en arabe. Depuis Dammam, la ville sur le golfe Persique qui restera dans l’histoire comme celle où le pétrole a été découvert en Arabie Saoudite, elle collabore avec les grands titres de la presse mondiale, surtout le New York Times et National Geographic.

Jane evelyn atwood

Jane Evelyn Atwood est photographe, auteure de treize livres, dont le monumental Trop de peines, Femmes en prison, un travail documentaire de dix ans, dans neuf pays, qui a récemment été adapté au théâtre. Elle avait commencé sa carrière par un reportage tout aussi puissant, qui se concentrait sur la vie d’un seul lieu pendant “seulement” un an : une maison de passe Rue des Lombards. Ensuite, il y a eu des récits sur la Légion étrangère, les jeunes aveugles, un malade du Sida, Haïti… Autodidacte, elle a raflé le prix W. Eugene Smith alors qu’elle avait 32 ans. La Maison Européenne de la Photographie à Paris lui a consacré une rétrospective, et la collection Photo Poche, considérée comme une référence, une monographie.

Jan banning

Jan Banning est photographe. Il dit posséder “un coeur d’anarchiste, un esprit d’historien et un oeil d’artiste”. Il a aussi une moustache et un passeport néerlandais. Dans Traces of War, survivors of the Burma and Sumatra Railways (2005), il a photographié des hommes, dont son père, jadis condamnés aux travaux forcés, et dans Comfort Women (2010) des femmes prostituées par (et pour) l’armée japonaise. Son travail a intégré des collections de musées, comme le Rijksmuseum d’Amsterdam et sa série Bureaucratics lui a valu un World Press Photo. Il vient de publier Law & Order sur la justice criminelle, notamment en France, et travaille actuellement sur les derniers communistes (et mine de rien, ça fait quand même du monde).

Pauline beugnies

Pauline Beugnies est photojournaliste et réalisatrice. C’est une fille de Charleroi qui est partie caméra au poing courir le monde (Congo, Bangladesh, Albanie) avant d’apprendre l’arabe et de s’installer au Caire. Elle a raconté la vie des enfants des rues de Kinshasa et celle des villageois de Battir près de Bethléem, pile sur la ligne verte. Son travail au long cours sur la jeunesse cairotte (un livre, un documentaire) met des visages sur les foules de la place Tahrir et montre des jeunes gens modernes. Comme elle. Elle est lauréate du Prix Camille Lepage et aime regarder le monde à travers un Hasselblad argentique au format carré des années 50.

Samuel bollendorf

Samuel Bollendorf est photographe et réalisateur. En 2008, il tourne Voyage au bout du charbon dans les mines du Shanxi. Cette œuvre multimédia passe à la postérité, mesdames messieurs, comme “premier webdocumentaire interactif français” et rafle à peu près tous les prix (dont un prix Scam). D’autres œuvres suivront : Le grand incendie, sur les suicides par immolation dans la fonction publique, puis avec Mehdi Ahoudig À l’abri de rien sur les mal logés et La parade sur les cultures ouvrières du Nord. Le festival Visa pour l’Image a distingué ou présenté cinq de ses séries : cette année La Nuit tombe sur l’Europe, réalisée avec le soutien d’Amnesty International, est exposée devant le Palais des Festivals. Et avant ? En 1999, il rejoint le collectif l’Œil Public, dont il deviendra président. Et encore avant ? En 1997, il finit enfin ses études : l’école Louis-Lumière, une licence d’histoire de l’art et les Beaux-Arts de Paris. Il a fait sienne la devise de Pierre Lescure “51% de fond, 49% de forme”.

Myriam boulos

Myriam Boulos est photographe. Elle est (attention roulements de tambour) la plus jeune femme et la première arabe à intégrer Magnum Photos. Si tout va bien (et tout ira bien) dans quelques années elle sera membre à part entière de l’agence, et rejoindra Henri Cartier-Bresson, Robert Capa et les autres – ces 114 photographes qui depuis 75 ans dominent le game. Elle vient de lancer à Beyrouth le magazine print Al Hayya (“Vivante”) et dit : “Les gens me fascinent mais je suis très timide”. Elle est donc pile à sa place devant vos 2500 paires d’yeux.

Natacha de mahieu

Natacha de Mahieu est photographe. Alors qu’elle est encore étudiante à l’Académie royale des beaux-arts de Gand, elle s’envole pour le Xinjiang, mais son reportage sur les Ouïghours persécutés est interrompu par la police politique chinoise. Retour à la case Belgique. Elle repart au Bangladesh, puis enfourche une bicyclette pour faire Bruxelles-Bangkok à vélo – 10 000 km quand même. Sa série Théâtre de l’authenticité a été exposée aux Pays-Bas et publiée dans la presse mondiale.

Petrut calinescu

Petrut Calinescu est photojournaliste, c’est même le meilleur photojournaliste de Roumanie, si l’on en croit l’association des photojournalistes de Roumanie, qui lui a remis son prix. Il est co-fondateur du Centre de photographie documentaire et poursuit trois projets au long cours : explosion des villes nouvelles autour de Bucarest (sur 2 ans), impact de l’émigration sur les campagnes de Transylvanie (sur 7 ans), et tourisme autour Mer noire (sur 15 ans). Son travail a été publié dans la presse internationale et dans une revue en France : 6mois.

Jérôme delay

Jérôme Delay est photojournaliste et directeur photo du desk Afrique à l’Associated Press. Il couvre depuis Johannesbourg l’actualité de 48 pays avec pour principe : “be there”. Il a voyagé avec des papes, courtisé des ambassadeurs, et couvert trop de guerres. Il a été finaliste pour le prix Pulitzer avec une série sur la Bosnie et reçu le prix du Overseas Press Club pour son travail en Centrafrique.

Colin delfosse

Colin Delfosse est photographe et cofondateur de la revue Médor. Après des études de journalisme à Bruxelles, il se lance dans la photographie documentaire, débarque au Congo par hasard et ne cesse depuis d’y retourner. Il aime photographier la transgression, la dissidence et la part intime des luttes et des identités collectives. A Kinshasa, les catcheurs; au Kivu, les rebelles; au Kurdistan, les “Amazones du PKK” (exposées au Musée de la Photographie de Charleroi) et au Kazakhstan, la fin de l’homme rouge… Kinshasa, Kivu, Kurdistan, Kazakhstan : il affirme s’intéresser aussi aux lieux qui ne commencent pas par la lettre K, mais on du mal à le croire. (Cette année, logiquement, il devrait se prendre de passion pour Knokke-le-Zoute). Il est représenté par l’agence londonienne Instituut et collabore régulièrement avec le New York Times, Jeune Afrique et Le Monde.

Thierry dubrunfaut

Thierry Dubrunfaut est photographe. Dans une première vie, française, il s’est appelé Thierry Deffrenne, et fait florès dans la mode et la publicité, en travaillant pour Dior, Lancôme, Vogue ou Elle, jusqu’à la suprême récompense : un Lion d’or à Cannes pour une campagne d’Amnesty International. Puis une seconde vie, belge, a commencé, celle de Thierry Dubrunfaut (le nom de sa grand-mère), artiste photographe transfigurant les grands sites industriels et commerciaux de Belgique dans des images presque abstraites sans le moindre effet numérique. Ses amis l’appellent simplement “Thierry”.

Charles fréger

Charles Fréger est photographe. Majorettes, engagés de la légion étrangère, lutteurs de sumo, il n’a jamais rien photographié d’autre que des communautés. Le déclic s’est produit à Rouen, alors qu’il était encore étudiant aux Beaux-Arts : un bateau de la marine nationale y faisait escale, et il s’est essayé aux portraits de marins en uniforme. Les derniers inventaires visuels qu’il a publiés sont Wilder Mann ou la figure du sauvage aux éditions Thames & Hudson et Bretonnes aux éditions Actes Sud. Il vit à Rouen.

Bülent kilic

Bülent Kiliç est photographe pour l’AFP depuis 20 ans. Son métier, et celui des 1 700 journalistes de l’agence, est de rendre compte, de manière “exhaustive, indépendante, fiable et vérifiée” de la marche du monde. Son monde à lui, c’est souvent la guerre, en Ukraine ou en Syrie : il a vu – sous ses yeux littéralement – apparaître (à Idlib en 2012) puis disparaître (à Baghouz en 2019) l’Etat Islamiste. Entre temps, il a été finaliste du Pulitzer, lauréat du prix de la liberté de la presse de la Türkiye Gazeteciler Cemiyeti, distingué par un Visa d’Or et deux World Press, et désigné meilleur photographe de l’année par Time et le Guardian : “Moi, mon truc, c’est de montrer.”  

Matthieu gafsou

Matthieu Gafsou est photographe. Après avoir renoncé à une carrière de peintre (trop maladroit), de romancier (trop dépressif) et d’historien du cinéma (trop flemmard pour commencer sa thèse), il a eu le déclic (attention jeu de mots) à l’École de Photographie de Vevey. Il utilise depuis la photo comme prétexte pour “questionner philosophiquement le monde”. Et c’est vrai que ses dernières monographies – le catholicisme, la toxicomanie, le transhumanisme – forment une trinité parfaitement métaphysique. Il enseigne (à L’Ecal), expose (à Arles), intègre des collections (aux musées de l’Élysée et du Léman) et publie (dans la presse internationale et suisse). Il est membre de la toute jeune agence MAPS.

Gabriele galimberti

Gabriele Galimberti est photographe, gagnant l’an dernier du World Press Photo dans la catégorie « Portrait ». Quand il était petit, tous les dimanches, son père le réveillait avant l’aube pour l’emmener pêcher le brochet, la carpe et l’anguille au lac Trasimène, près de Pérouse. Il en a gardé un amour des rituels du quotidien et des choses de la vie. Et c’est ça qu’il documente : les gens, leurs habitudes, les objets qu’ils possèdent et dont ils sont fiers. Ça donne Toy Stories (des enfants de 58 pays prennent la pose devant leurs jouets) ; mais aussi Ameriguns (des civils d’un seul pays, les États-Unis, se mettent en scène avec leurs armes à feu). Il travaille surtout avec le mensuel presque cent-cinquantenaire aux 40 millions de lecteurs : National Geographic.

Nick hannes

Nick Hannes est photographe. Il affirme : “Mes photos ont l’air drôle mais c’est tout le contraire.”  À 33 ans, alors qu’il pige pour la presse belge, il plaque tout et part sur les routes de feu l’empire soviétique, puis sort un livre – Red Journey – tout en “ironie, ambiguïté et métaphores visuelles”. Il lance alors “un projet épique” dans 21 pays autour de la Méditerranée : La Continuité de l’homme fait un carton et le tour du monde des galeries et des festivals. Il enseigne à l’Académie royale des Beaux-Arts de Gand.

Ron haviv

Ron Haviv est photojournaliste. En mai 1989, il s’achète son premier boîtier (un Nikon FM2) et part au Panama couvrir les élections présidentielles. Il a 23 ans. Six mois plus tard, le président Bush justifie l’invasion du Panama par les États-Unis en montrant ses clichés. Ça s’appelle changer le cours de l’Histoire. En 1992 il part photographier la guerre en Bosnie. Et rebelotte, en 1997, au Palais de la Paix à La Haye, ses photos contribuent à qualifier un crime contre l’humanité…. En 30 ans de carrière il y a eu des livres (quatre), des récompenses (deux World Press) et bientôt Biography of a Photo, un documentaire. Et il y a eu “Seven”. En 2001, il y a dix-huit ans jour pour jour, ici-même à Perpignan, Ron Haviv fondait avec A. Boulat, G.Knight, A. Kratochvil, C.Morris, J.Nachtwey et J. Stanmeyer l’agence VII.

Guillaume herbaut

Guillaume Herbaut est photographe. Il réalise ces temps-ci à Tonneins, un bourg du Sud-Ouest, un projet documentaire pour la kaléidoscopique commande publique lancée par la Bibliothèque nationale de France. Il travaille pour la presse, a exposé un peu partout (Rencontres d’Arles, Maison rouge, Jeu de Paume) et raflé tous les prix (trois World Press, un Visa d’or) pour son travail sur l’Ukraine. L’Ukraine c’est l’histoire de sa vie, 20 ans qu’il y couvre les crises. Justement, il publie Ukraine, Terre rêvée.

Jessica hilltout

Jessica Hilltout est photographe. Un matin à Bruxelles, elle a pris le volant, direction Oulan Bator, et retour à la maison en passant par Le Cap. Ça fait juste 80 000 km. Elle a bientôt repris la route – Afrique de l’Est, Afrique de l’Ouest et Madagascar – et ajouté 14 frontières et 20 000 km à son compteur. Le New York Times et National Geographic ont publié son travail sous les titres Grassroots Soccer et Soccer Joy. Et elle a fini par comprendre ce qu’elle cherchait : “La beauté des choses imparfaites”. D’ailleurs, il existe un mot pour ça en japonais : Wabi-Sabi.

Barbara iweins

Barbara Iweins est photographe. Son terrain, c’est l’intime. Elle a photographié des inconnus au saut du lit, saisi des femmes dans leur bain, s’est immiscée dans la vie d’inconnus et a fini par retourner l’objectif sur son intérieur bruxellois. Ce dernier projet, Katalog, l’a occupé pendant 5 ans et a été exposé dans les meilleurs festivals européens à commencer par les Rencontres d’Arles. C’est donc du sérieux (elle déteste l’esprit de sérieux). Elle a inventé un jeu mémory documentaire et stylé. Le principe : réconcilier les deux moitiés de gens bien sapés croisés dans la rue.

Roger job

Roger Job est photojournaliste. Il a longtemps couvert l’actualité pour l’agence Gamma et mène désormais des projets documentaires. Dans ses enquêtes primées, on croise des nomades (les Turkanas du Kenya), des trafiquants (de joueurs de football), des flics (les hommes de la brigade des stups de Charleroi) et des malades du Covid en soins palliatifs. Ce reportage, publié dans Paris Match Belgique, a été distingué par le prix Belfius, le Pulitzer belge, pour son approche “à la fois sereine et bouleversante.”

Olivier jobard

Olivier Jobard est photographe (pour l’agence Myop) et réalisateur, exposé en 2018 à Visa pour l’image, au couvent des Minimes. Membre de l’agence SIPA Press à vingt ans, il est propulsé reporter dans “la” guerre d’une génération de journalistes : le siège de Sarajevo. Ensuite il parcourt le monde et ses coins sombres pendant dix ans, puis est rattrapé à Calais par les crises – si proches, plus du tout lointaines – qu’il avait jadis couvertes. Depuis, il concentre son travail sur les itinéraires de clandestins. Avec Claire Billet, il a réalisé trois documentaires. Son film Kingsley’s crossing diffusé sur le site Mediastorm, a été distingué par un Emmy award.

France keyser

France Keyser est photojournaliste au sein de l’agence Myop, et cofondatrice du festival Récits Photographiques. Elle a couvert des lignes de front en Iran, en Irak, en Afghanistan, en Tchétchénie. Depuis dix ans, elle s’intéresse surtout aux lignes de fracture de la société française : d’un côté ceux qui rêvent de ne plus être appelés “les Arabes” ou “les Africains”, auxquels elle a consacré le livre Nous sommes français et musulmans (Autrement), de l’autre les militants du Front National (Visa pour l’Image 2012). Sinon, sa série sur la chirurgie esthétique dans les quartiers a été finaliste d’un prix Paris Match. La lutte des classes ne se jouerait donc pas sur le terrain des canons de la beauté ? Ouf, une ligne de fracture en moins.

Olga kravets

Olga Kravets est photographe pour la presse internationale et réalisatrice de documentaires. Avec Maria Morina et Oksana Yushko, elle vient de terminer Grozny Nine Cities, un travail de neuf ans, qui a donné lieu à un documentaire en ligne (récompensé par un prix Bayeux-Calvados), un livre (primé par la Fondation Luma) et une exposition aux Rencontres d’Arles cette année. Le projet chronique la reconstruction de ce qui fut “la ville la plus détruite du monde”, après quinze ans de guerres (1994-2009) et 150 000 morts. Parmi les victimes du conflit, la journaliste Anna Politkovskaïa, assassinée à Moscou par les hommes de celui dont elle traquait les crimes, Ramzan Kadyrov, toujours à la tête de la République tchétchène. Olga a quitté sa Russie natale en 2008, mais continue d’y travailler.

Guy le querrec

Guy Le Querrec est photographe, membre de l’agence Magnum. Il dit souvent “Dans la photo, il y a à voir et à ranger”. Il range donc. Il archive. 36 000 pellicules de films. 5 000 musiciens photographiés. La grande histoire de sa carrière, c’est le jazz. “Comme le jazz, la photographie prise sur le vif contient l’éphémère, le rythme, l’improvisation, l’urgence”. Ses photos et des voyages en Afrique ont d’ailleurs inspiré trois albums du trio Romano-Sclavis-Texier (batterie, clarinette, contrebasse). Car l’autre grande affaire de sa vie, c’est l’Afrique : “Le 6 août 69, au Tchad, je prends ma première photo sur le continent”. Et puis il y a la Bretagne. Une exposition majeure – 40 ans de photo – vient d’être montée à Rennes. Et puis, enfin, Arles. “En 1976, on me demande d’être maître de stage. En une semaine d’atelier, je deviens la coqueluche du festival”. 30 ans plus tard, un 6 juillet, il projette ses photos en live dans le théâtre antique. Et 43 ans plus tard, toujours un 6 juillet, nous y revoilà.

Jérémy lempin

Jérémy Lempin est photojournaliste. Il a raflé tous les prix cette année 2021, en l’occurrence la triplette Picture Of the Year, World Press Photo, et Visa d’Or du festival de photojournalisme de Perpignan, ce qui le propulse parmi la fine fleur de la profession. Dans sa vie d’avant, photographe reporter au sein du ministère des Armées, il a reçu d’autres honneurs : la croix de la Valeur militaire et la Médaille militaire, pour sa bravoure au feu au Mali. Ses reportages célèbrent notre humanité partagée.

Pierre liebaert

Pierre Liebaert est photographe et artiste. C’est un montois qui aime voir du pays tout en sondant l’âme humaine. Macquenoise, réalisé dans le village situé à la frontière franco-belge est la chronique « ombilicale » d’une mère et de son fils. Libre Maintenant, une série exposée dans le monde entier, documente l’intimité d’inconnus rencontrés par petites annonces. Pour In/out, dans le cadre d’une commande publique, il est rentré à la maison et a photographié sa ville natale avec un œil neuf. Ces derniers temps, il est fasciné par les entrailles magmatiques de Naples, l’obscurité des monastères et les créatures carnavalesques des montagnes helvètes.

Marco longari

Marco Longari est photojournaliste. En 2014, il a été nommé responsable photo de l’AFP pour l’Afrique : 47 pays à couvrir aux heures de bureau. De l’Angola au Zimbabwe et de la Zambie à l’Afrique du Sud, rien ne lui échappe. Sur son temps libre, il prend, tiens donc, des photos et les poste parfois sur son compte Instagram, dont le magazine Polka dit qu’on y sentait “la clameur citoyenne” du continent. Tout à fait d’accord. Les 30 000 abonnés de son compte aussi. Il vit à Johannesburg, après sept ans à Jérusalem où son travail l’avait propulsé “meilleur photographe de l’année” (prix Time, en 2012, catégorie agence). Sinon, c’est juste un ragazzo di Roma comme un autre.

Philip montgomery

Philip Montgomery est photographe pour la presse magazine américaine. Il travaille pour le New Yorker, Harper’s, Bloomberg Businessweek, The New York Times, The Atlantic…C’est chic. En 2016, il a été distingué photographe documentaire de l’année par le Lead Award allemand. En 2015, il a raflé une première place au Picture of the Year. C’était pour sa série Flash Point, sur les émeutes raciales, qui en rappelaient d’autres – Watts, Harlem, Detroit – soudain si proches. Lui a grandi dans une Amérique de carte postale, entre plages de surfers et forêts de séquoias.

Olivier morin

Olivier Morin est rédacteur en chef photo de l’AFP pour la France (après avoir été photographe pour l’agence en Italie, en Scandinavie et ailleurs). Il a couvert dix Jeux Olympiques en vingt-sept ans mais c’est lors de championnats du monde, à Moscou, qu’il a pris la photo de sa vie : Usain Bolt pendant la finale du 100 mètres alors qu’un éclair illumine le ciel. Morin parle de chance. On ne le croit pas. Quel talent ! C’est Bolt qui le dit. Sports Illustrated et le New York Times aussi : ils ont chacun distingué le cliché comme photo de l’année. D’ailleurs, il s’est déroulé seulement 48 secondes entre le moment où Bolt passait la ligne d’arrivée et la réception de la photo chez les clients de l’AFP. Ça c’est de la vitesse.

Eduard florin niga

Eduard Florin Niga est photographe macro. C’est un virtuose du gros plan, un as du flou et du net, un habitué des profondeurs de champ nanométriques. Rien n’était écrit : son truc au départ, c’était la loi et l’ordre. Il a été officier de police en Roumanie (pas la république socialiste, la démocratie parlementaire). Et il raconte avoir développé son art (ou est-ce une science ?) en fréquentant ses collègues de la police forensique, même si Suceava, aux confins de l’Europe, est un bourg tranquille plutôt qu’une capitale du crime. Il vient de publier Ants, Workers of the World avec l’entomologiste américaine Eleanore Spicer Rice aka “The Ant Lady”.

Ed ou

Ed Ou est photojournaliste. Il a 19 ans quand il quitte son Canada d’adoption (il est né à Taïwan) pour apprendre l’hébreu à Jérusalem. Entre deux cours, il se met à couvrir la guerre au Sud Liban et 4 ans plus tard fait la Une du New York Times. Il a travaillé en Somalie, au Kazakhstan, en Égypte et, à 28 ans, avait déjà un palmarès plutôt impressionnant : un prix Bayeux des correspondants de guerre, un prix Perpignan du photojournalisme, une bourse TED, un World Press Photo, un Picture of the Year award, entre autres. Il vit à Istanbul et parle cinq langues.

Frédéric pauwels

Frédéric Pauwels est photographe. Le quartier nord de Bruxelles, l’école de la police, les reconstitueurs de la bataille de Waterloo, les ouvriers de la mine en Wallonie, la fin des courses hippiques, la musique à l’hôpital, la destruction du village de Doel (près du port d’Anvers), l’évolution des pratiques funéraires : on peut dire qu’il voit du pays. Il a commencé comme dessinateur de bandes dessinées (Michel Vaillant !) et collabore avec la fine fleur de la presse francophone : Le Vif-L’Express, Le Matin, Le Soir, La Libre. Il a beaucoup documenté le quotidien des précaires : sans-domiciles fixes et prostitués bruxellois.

Jan rosseel

Jan Rosseel est photographe et artiste. Sinophone, diplômé de l’académie des beaux-arts de la Haye et de l’école de journalisme d’Aarhus, il aime se définir comme “conteur visuel”. Sa série l’automne belge explore l’affaire des tueurs du Brabant en mettant en scène les traces des braquages dans une sorte de docufiction. Il s’agit d’une lecture intime, son père étant l’une des 28 victimes du gang. La tournée mondiale de l’exposition est close, le livre est épuisé, mais pas l’enquête : 30 ans exactement après les faits, neuf fonctionnaires de police continuent de chercher les assassins.

Pauline rousseau

Pauline Rousseau est artiste, diplômée de l’École du Louvre et de l’École nationale supérieure de la photographie. C’est par ce médium qu’elle explore ses obsessions, à commencer par l’amour. Elle a par exemple fait graver dans le granit funéraire ses dates Tinder, “amours mortes avant d’exister”, mis en scène ses vies alternatives “avec l’intégralité de ses ex” et documenté ses poussées kleptomanes. Une façon de poser encore et toujours la même question : “Qui est Pauline Rousseau?”.

Joël saget

Joël Saget est photographe à l’Agence France Presse. A 16 ans, il se destine à être ouvrier- métallurgiste mais tombe sous le charme de Joe le Fugitif – un berger allemand vu à la télé – et abandonne ses études pour devenir maître-chien. Il passe cinq ans dans l’armée, fête ses 24 ans en Équateur avec des contrebandiers colombiens, puis commence à collaborer avec les agences Sygma, Sipa et Gamma, avant de se faire recruter par l’AFP. Il a couvert la guerre (au Kosovo, en Irak, à Gaza, en Afghanistan, en Tchétchénie), le sport (JO et Tour de France) et plein de choses plus ou moins palpitantes. Dernièrement, il se passionne pour l’art du portrait. Il aime faire sortir la photo des galeries et a exposé au cœur d’une forêt normande et d’un tas de ferraille en Lorraine.

Fred stucin

Fred Stucin est photographe, diplômé de deux grandes écoles, les Arts Déco Strasbourg et Louis Lumière. ll travaille à la commande pour la presse et mène en parallèle des projets au long cours. Il a longtemps aimé les rues des métropoles et les paysages du bout du monde, et a réalisé pour Air France Magazine et L’Express une douzaine de carnets de voyages : Rajasthan, Californie, Abu Dhabi, Mexico, Jamaïque, Ibiza, Écosse… On peut dire qu’il a vu du pays. Mais au bout du compte, son terrain de prédilection ce sont les visages : il s’est spécialisé dans le portrait. Récemment, il a exposé ses voyageurs de la gare Saint-Lazare au festival de photo de Sète et ses élégantes du Prix Diane à celui de Toulouse.

Alain tendero

Alain Tendero est photographe de presse indépendant. Il couvre l’actualité de la région de Montpellier pour les journaux, et aime sillonner le midi de la France pour en rapporter des histoires à la fois sensibles et politiques. En particulier celles de producteurs militants, en pleine nature. Avec des ethnologues, il a documenté ces coopératives utopiques qui tentent de réinventer le monde : ostréiculteurs dans l’étang de Thau, pêcheurs de thon en Méditerranée, vignerons dans les contreforts du Larzac.

Stéphanie tétu

Stéphanie Tétu est photographe. Elle aime les nuages et la lumière bretonne, alors qu’elle habite à Marseille et qu’elle a grandi sous les tropiques. Elle photographie depuis toujours ses neveux et nièces, ses beaux-enfants et puis Eliette, la petite dernière, lors de grandes cousinades annuelles. “On est de son enfance comme on est d’un pays” disait Antoine de Saint Exupéry. Elle qui a beaucoup voyagé n’a jamais vraiment quitté cette contrée-là. Ah si, elle a quand même fait une grande école de photo : Louis Lumière. Quand elle ne réalise pas des séries documentaires au long cours sur son sujet de prédilection (l’enfance donc), elle travaille à la commande pour la pub et la presse (sujets “vie-quot” et portraits). Elle ne quitte jamais son Rolleiflex, une caméra inventée il y a presque un siècle, qui fait des formats carrés. C’est parfait pour Instagram, justement elle débute @tetuvue.

Gaël turine

Gaël Turine est photojournaliste, membre fondateur de MAPS, une agence qui associe photographes, auteurs et créatifs. Il travaille pour la presse internationale, mène des projets personnels et a été exposé un peu partout. Son dernier livre, En bas la ville, co-réalisé avec l’écrivain Laurent Gaudé, explore Port-au-Prince.  Il est diplômé du 75, l’école bruxelloise de référence en photographie documentaire et enseigne à la faculté de journalisme de l’ULB.

Tomas van houtryve

Tomas Van Houtryve est photographe et membre de l’agence new- yorkaise VII. Il est aussi Belge et Américain. Pendant sept ans, il a sillonné le Népal, la Corée du Nord, Cuba, la Moldavie, le Laos, le Vietnam et la Chine (ouf !) pour La Lutte continue, voyage dans les communismes du XXIe siècle, publié en trois langues et préfacé par T. Todorov. Il aime par dessus tout photographier la raison d’État (pas facile) et adore la phrase d’A. Camus : “Un gouvernement, par définition, n’a pas de conscience. Il a, parfois, une politique, et c’est tout”. Sa série Quand le ciel est bleu sur l’utilisation par l’armée américaine des drones de surveillance, primée par un World Press Photo, constitue le plus long récit visuel jamais publiée par Harper’s, un magazine qui vient quand même de fêter ses 166 ans.

Sébastien van malleghem

Sébastien Van Malleghem est photographe, auteur de quatre livres et de huit séries documentaires au long cours. A 22 ans (il en a 32), il quitte Namur et se lance dans le métier avec un projet monumental : une trilogie sur le système judiciaire. Il publiera Police puis Prisons (2015) après un détour par la Libye (où il documente la chute du despote), par Berlin (où il plonge dans l’underground et la vie de ceux – artistes, squatters, anarchistes, toxico et clochards – qui sont “régurgités par la capitale”) et enfin par Mexico et ses Depositos Temporales – ses morgues. L’ultime volet de sa trilogie, sur le crime organisé, est en cours. Il travaille toujours en noir et blanc, jusqu’à épuisement de sa matière : “C’est comme ça que je me rends compte qu’un sujet est terminé : photographier avec son cœur jusqu’à ce qu’on n’en puisse plus.” Il travaille aussi pour la presse : De StandaardTime, le Washington Post et vient de terminer Nordic Noir – cinq ans de photo en Scandinavie. Il est ambassadeur Nikon, autrement dit “l’un des artistes visuels les plus talentueux et les plus influents du secteur”. (C’est Nikon qui l’affirme. Il se trouve que c’est vrai.)

Isi véléris

Israël Noël (Isi) Véléris est photographe. Il est né un 25 décembre de parents qui venaient de quitter la Lituanie (à moitié polonaise et bientôt russe) pour la Belgique (pas encore occupée). A 9 ans il est orphelin, sa mère ayant réussi à le cacher au château de la Hille dans les Pyrénées avant d’être déportée. A 15 ans il débarque seul à New York. A 21 ans il cesse officiellement d’être apatride. A 35 ans il ouvre son studio, collabore avec Vogue et Harper’s Bazaar puis devient l’agent du photographe de mode Guy Bourdin. A 45 ans il s’installe à Paris où il travaille dans la pub mais aussi pour l’opéra. Sa photo la plus célèbre, tirée à cinq millions d’exemplaires par une société de posters, lui a royalement rapporté 200 dollars.

Valerio vincenzo

Valerio Vincenzo est photographe. En dix ans, il a traversé plus de mille fois les frontières internes de l’Europe, pour sa série Borderline (prix Louise Weiss 2014, prochainement publiée chez l’éditeur belge Lannoo). Il aime les confins et les lignes imaginaires : outre 44 des frontières européennes (19 500 km), il a suivi le tracé du futur métro francilien (300km) et documenté les vestiges du mur de Berlin (156 km), 50 ans après son érection en août 61. Il est représenté par le Studio Hans Lucas à Paris, vit à Delft aux Pays-Bas et dans une autre vie, portait des chaussures impeccables, une cravate en soie et un costume de coupe italienne. C’était du temps où il était consultant en stratégie chez AT Kearney et Bain & Cie, à Milan.

Camilo jose vergara

Camilo Jose Vergara est photographe, auteur de neuf livres et d’une oeuvre monumentale : un fond d’archives en images conservé à la plus grande bibliothèque du monde à Washington. Son travail – 40 000 clichés documentaires pris, 40 ans durant, dans les quartiers de New York, Gary, Camden, Newark, Chicago, Detroit et Los Angeles a été distingué par “la bourse des génies” autrement dit le prix MacArthur, fabuleusement doté de 500 000 dollars et attribué aux Américains démontrant une “créativité particulière”. Il a grandi au Chili à Talca – pile au milieu du longiligne pays, dans une vallée vinicole – avant d’émigrer aux États-Unis avec l’ambition de devenir urbaniste. La ville sera effectivement l’affaire de sa vie, dans la lignée de Jacob Riis, père de la photographie sociale, qui avait ouvert les yeux de l’Amérique en 1890 avec “Comment vit l’autre moitié”. Ce que l’histoire retiendra, c’est que dès 1970, 37 ans avant l’invention du service de navigation virtuelle par Google, il aura été le premier “Street View”. Un Street View vivant.

John vink

John Vink est photojournaliste, membre de la toute nouvelle agence MAPS. Il y a trois mois, il a quitté l’agence Magnum : un divorce après vingt ans tout rond, ça arrive. Sinon, par où commencer ? Le Cambodge bien sûr, le pays de cœur, l’œuvre d’une vie. En 2000, il s’installe à Phnom Penh et entreprend de documenter systématiquement la bataille primordiale qui se joue autour du territoire khmer. La lutte pour la terre raconte les évictions, les mécanismes de l’injustice et l’arrachement au sol des ancêtres. Ce récit, qui court sur onze ans, et une demi-douzaine d’autres – publiées sous forme de documentaires en ligne – chronique un pays écrasé par ses oligarques, les “khmers riches”. Avant, il y avait eu d’autres séries au très long cours : Peuple d’en Haut (7 ans, 3 pays, 3 continents), Réfugiés (6 ans, 13 pays, 4 continents), Eaux du Sahel (2 ans, 4 pays et 1 prix W. Eugene Smith), Italies (4 ans, 1 pays mais au pluriel). Et sa Belgique natale ? Il vient de s’y installer. Au programme, un projet qu’il a intitulé Ceci n’est pas la Belgique.

Mélanie wenger

Mélanie Wenger est photographe. Bruxelloise d’origine alsacienne, un peu bretonne aussi, elle est – forcément – indépendante, et, depuis ses études de journalisme – à l’ULB puis à l’IHECS – elle porte inlassablement “la caméra dans la plaie”. Au Mexique, elle a suivi des adolescentes vendues comme épouses à des paysans qui cultivent le pavot ; à Malte et en Belgique, elle a passé six mois avec des migrants déboussolés (au sens propre et au figuré). La rencontre qui a changé sa vie professionnelle s’est déroulée sur un chemin de campagne. Elle était perdue, une vieille dame passait par là (“Elle était à la fois effrayante, avec un côté sorcière et gentille”). La jeune femme finira par photographier son aînée – elles ont 52 ans d’écart – chaque mois pendant quatre ans. Marie-Claude, le portrait qui en résulte, a été publié chez Actes Sud, exposé un peu partout et primé (prix HSBC pour la photographie).

Sanne de wilde

Sanne De Wilde est photographe, lauréate 2019 du World Press Photo dans la catégorie portrait, pour sa série sur la gémellité au Nigéria. Albinisme, daltonisme, nanisme, elle questionne notre humanité partagée à travers le prisme des pathologies génétiques. Elle est diplômée de l’Académie royale des beaux-arts de Gand.

Paolo woods

Paolo Woods est photographe. Il a gagné deux World Press Photo mais n’aime pas plus que ça l’actualité chaude. Il a enquêté sur l’industrie du pétrole (Monde de Brut), les guerres en Afghanistan et en Irak (American Chaos), la Chinafrique et les paradis fiscaux (Les Paradis). Avec les photographes Gabriele Galimberti et Edoardo Delille et le journaliste Arnaud Robert, ils travaillent à quatre mains sur Happy Pills, un documentaire, un livre et une exposition sur le lien entre la quête universelle du bonheur et sept médicaments au succès planétaire.

Laurence geai

Laurence Geai est photojournaliste. En 2021, elle a été distinguée par un World Press pour sa couverture de la crise sanitaire. La crise, elle connaît, elle sillonne depuis 8 ans l’Irak, la Syrie et la Centrafrique pour Le Monde, Paris Match et d’autres titres. Elle finit une série de portraits qui racontent les Français de part et d’autre des lignes de fractures politiques et avait adoré documenter, au plus près du président, la fin du mandat de François Hollande. Tout a commencé loin du fracas du monde, dans la mode, en tant qu’acheteuse aux Galeries Lafayette, et comme assistante chez Stella McCartney et Jean-Paul Gaultier. Une autre vie.

Luca zanier

Luca Zanier est photographe. Quand il ne réalise pas des commandes pour les multinationales de Zurich où il habite depuis toujours, il photographie des lieux, rarement des hommes. Son dernier livre Power Book (chez Benteli), sur les centrales électriques d’Europe, a déclenché une rumeur sur ses tendances misanthropes. (Il aime les gens) Il travaille avec un Nikon mais préfère son mythique et helvétique Alpa.

Michaël zumstein

Michaël Zumstein est photojournaliste. Son sujet c’est l’Afrique, qu’il raconte comme personne, c’est-à-dire avec le moins de sang et le plus de sens possible. Un exemple ? De terreur et de larmes, en Centrafrique, pour Le Monde, qui a obtenu le prix Picture Of the Year. Il a un passeport suisse, ce qui est pratique pour se balader dans les pays où ne vont pas les touristes et vient de se lancer dans le documentaire. Son dernier film Il faut ramener Albert est une chronique traversée – encore, toujours – par la question qui le taraude : comment capter – en une image ou en mille  d’autres vies que la sienne ?